Le concept de propriété est aussi simple que complexe, facilement compréhensible il peut néanmoins révéler toute sa difficulté lorsqu'on veut définir ce qui peut être une propriété et ce qui ne le peut pas. Dès lors il faut trouver les caractères des choses qui rendent son appropriation logiquement valide aux yeux de tous, puisque la propriété est un droit réel.
Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen |
Par "validité aux yeux de tous", on comprend universalité, c'est-à-dire que son approbation telle quelle précède tout jugement de valeur. Dans ses orations, Aristote divisait les entités en deux parties : la chose en tant que telle, et la chose en tant qu'entité appréciée, perçue, et donc jugée. La première est universelle, c'est son existence, indéniable par qui que ce soit, la seconde est personnelle, elle n'a d'empreinte que dans l'esprit de celui qui perçoit.
Cette extension de l'existentialisme à toutes les choses permet alors de définir ce qu'il y a d'absolu dans l'être, vivant ou non; comme une sorte d'objectivisme à l'intérieur d'un subjectivisme, puisqu'il ne s'agit pas ici de nier le caractère subjectif de toute observation, l'existence neutre prenant elle-même source dans l'esprit, mais de définir, dans la subjectivité, ce qui est universel.
En appliquant cette réflexion à des cas concrets, on peut imaginer un artisan qui fabrique une chaise. La chaise est, universellement, une entité individuelle, une chose indépendante et indéfinie, et dans un second temps, par attribution intellectuelle et personnelle, une chaise, une structure en bois, un meuble spécifique, ou toute une infinité d'identifications.
L'artisan peut se considérer comme propriétaire de la chaise en tant qu'objet existant, puisque son appréciation est universelle : tout le monde peut dire que cet objet existe, et le droit de propriété, étant un droit réel, requiert cette universalité pour sa validité logique. En revanche, l'idée de chaise n'est, quant à elle, pas une existence appréciable de la même façon par tous, puisqu'elle prend racine après l'expérience - l'observation de la chaise dans ce cas -, elle n'est donc pas une entité universelle sur laquelle peut se baser un droit réel, mais une appréciation personnelle. La création d'un droit de propriété sur une telle chose serait dans la nature d'une politique idéologique où le personnel devient, par la force, universel, ce qui rend incompatible la propriété intellectuelle avec le libéralisme.